Le visiteur pénètre dans le musée en traversant une sculpture ! En effet, la porte monumentale du bâtiment est l’œuvre de l’artiste Parvine Curie. Réalisée dans le cadre du 1% artistique en 1984, le musée conserve esquisse et maquette de cette oeuvre sculptée dans le bois.
A l’image de la collection de peinture, les sculptures rassemblées majoritairement par Pierre Lévy concentrent les thèmes de la figure et du corps. Les collections de sculptures débutent avec deux nus et deux chevaux en bonze de Degas et d’autres figures féminines de Bonnard ou de Maillol. De ce dernier, le musée conserve un rare et précieux masque en terre.
De Degas, la collection est enrichie de représentation de l’artiste par Maurice Denis dont une le figurant en compagnie d’un modèle. Aussi, au sein des peintures, un tableau représentant deux hommes en pied peint par Degas en 1867. Degas affectionnait particulièrement le portrait double. On sait qu’il considérait Les deux sœurs de Chasseriau (Paris, musée du Louvre) comme le meilleur tableau du siècle.
En regard des tableaux fauves de 1905-1906, une sculpture de Picasso de la même époque trouve égard aux yeux des Lévy. Le Fou représente les débuts en sculpture de l’artiste en parallèle de sa période rose au sein de laquelle le thème du cirque est prédominant. Ce chef d’œuvre représente le poète Max Jacob portant un chapeau de fou dont l’histoire dit qu’il a été réalisé à l’issue d’une soirée au cirque où les deux amis se trouvaient.
Ami du couple Lévy, le peintre et verrier Maurice Marinot observa de nombreuses fois cette sculpture qui figure dans son corpus graphique.
Par la suite, Henri Laurens, Julio González, Joseph Czaky et Ossip Zadkine offrent des masques aux traits cubistes ou un silhouette épurée en plâtre dans le goût des années 1920 ainsi qu’un hommage cubiste à Apollinaire.
Ces œuvres entrent en parfaite résonance avec la statuaire extra-occidentale provenant d’Afrique. Là encore Pierre Lévy s’inscrit dans la tradition des grands collectionneurs de la première moitié du 20e siècle. A l’image de Paul Guillaume ou Ambroise Vollard, sculptures modernes et primitives voisinent et se répondent dans l’intimité de ces collections.
Plusieurs sculptures de Marcel Gimond, complètent la collection. Le portrait en bronze de Pierre Lévy par ce dernier accueille les visiteurs tandis que celui de Maurice Marinot se trouve à proximité du portrait de sa fille Florence, réalisée par Martine Martine, fille de Pierre et Denise Lévy.
Enfin, la sculpture contemporaine se trouve représentée par un artiste majeur, Ousmane Sow avec un lutteur couché. En 1990, le musée d’Art moderne de Troyes est le premier a exposé son travail avec le musée de la Vieille Charité à Marseille, sous l’impulsion de Béatrice Tabah, conservatrice. Bien avant la Dokumenta de Kassel en 1993, dix sculptures monumentales de la série des Nouba sont exposées dans le musée. Le lutteur couché est acquis par la Ville de Troyes avec le Fonds régional d’Acquisition des Musées de Champagne-Ardenne à l’occasion de cette exposition pour une première acquisition en collections publiques françaises. Sur les conseils de Béatrice Tabah, Ousmane Sow passera ensuite au travail du bronze pour la pérennité de son œuvre imprégnée de celles de Bourdelle et Rodin (le musée conservant une fonte du Balzac). Neuf ans plus-tard, Ousmane Sow expose au Pont des Arts à Paris lui offrant une reconnaissance internationale. Le musée d’Art moderne de Troyes était précurseur !
Enfin, le jardin présente près de dix sculptures modernes allant de Germaine Richier à Martine Martine dont la majorité ont été déposées par le Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou lors de l’ouverture du musée en 1982. A l’issue de la rénovation du musée et du jardin, ce dernier se verra doter de sculptures contemporaines déposées par le Fonds National d’Art Contemporain.