André Derain : Une figuration entre modernité et maîtres du passé
Cet artiste occupe une place toute particulière dans la vie des Lévy et dans la collection du musée.
Musée d’Art moderneCollections nationales Pierre et Denise Lévy
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Un artiste occupe une place toute particulière dans la vie des Lévy et dans la collection du musée : André Derain. Très proche des collectionneurs Pierre et Denis Lévy, qu’il rencontre dans le courant des années 1930 par l’intermédiaire d’un marchand d’art, il est un artiste complet et touche-à-tout. Inclassable, il est souvent présenté comme l’un des initiateurs du Fauvisme, aux côtés de Matisse. Il joue également un rôle important dans la naissance du cubisme, avant de s’ériger, après la Première Guerre mondiale, contre les principes mêmes de ces deux mouvements.
Sa période de « Retour à l’ordre » se caractérise par une palette terreuse, faite de bruns et de tons sombres, une économie de tons au service de l’effet pictural. Il en use pour représenter deux thèmes qui lui sont chers : la nature morte et le paysage.
Il ne cesse de réinterpréter la tradition picturale. Malgré un âge déjà avancé, il exécute des copies des grands maîtres, notamment de Bruegel. Son inspiration balaie les époques, des peintures de Pompéi aux natures mortes du 17e siècle. Dans Deux nus avec une corbeille de fruits de 1935, réalisé l’année même de la grande exposition au Petit-Palais sur l’Art italien, l’influence de la peinture baroque romaine guide le pinceau de Derain.
Du pinceau à la terre
S’étant intéressé toute sa vie à la sculpture (sur pierre notamment), c’est en 1938 seulement qu’André Derain commence à modeler la terre. Cette année-là, un violent orage déracine un arbre de son jardin, laissant apparaître une terre argileuse particulièrement propre au modelage. Derain récupère cette terre et confectionne de multiples têtes, plaquettes et figurines qu’il refuse néanmoins d’exposer de son vivant. Très fragiles, ces objets ont été fondus en bronze après sa mort. Comme dans son travail de peintre, André Derain s’inspire de différentes époques et de différentes civilisations dans son travail de la terre, notamment les masques et sculptures de l’Antiquité, en particulier les masques grecs, romains et étrusques, mais aussi en grande partie de l’art africain, qu’il a découvert lors de son voyage à Londres en 1906 et qu’il collectionne.
À la demande d’Alice Derain et avec l’aide de Pierre Lévy, intime de l’artiste, l’éditeur suisse Pierre Cailler entreprit de faire fondre en bronze les pièces qui pouvaient supporter ce travail. 74 pièces ont été fondues et leur tirage a été strictement limité entre 15 et 20 exemplaires. Le musée d’Art moderne
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