André Derain, illustrateur

Du 6 août au 27 octobre 2024
au Cabinet des arts graphiques du musée d’Art moderne – Collections nationales Pierre et Denise Lévy

A l’occasion des 70 ans de la mort d’André Derain, le musée met à l’honneur cet artiste majeur et « touche-à-tout » à travers la présentation de son travail d’illustrateur. L’œuvre gravée d’André Derain est importante en nombre comme en qualité. Il est l’auteur de multiples estampes isolées comme de centaines d’illustrations pour plusieurs ouvrages écrits par ses contemporains, poètes le plus souvent (Guillaume Apollinaire, Max Jacob, André Breton, André Salmon, Pierre Reverdy…), comme de classiques de la littérature antique (Ovide, Pétrone) et européenne (François Rabelais, Jean La Fontaine, Oscar Wilde).

Outre le fonds originel, issu de la donation Pierre et Denise Lévy, amis proches de l’artiste, se composant de peintures, dessins et sculptures, le musée d’Art moderne de Troyes poursuit une politique d’enrichissement de son œuvre gravée en lien avec la littérature.

Récemment offert au musée, cet exemplaire hors commerce de l’ouvrage de François Rabelais, Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel, roi des Dipsodes, Fils du Géant Gargantua, d’après l’édition d’Abel Lefranc (édité à 275 exemplaires par Albert Skira, Genève, 15 avril 1943) a probablement appartenu à l’artiste lui-même. Pour accompagner le texte de Rabelais, André Derain revient à la gravure sur bois de fil, renouant ainsi avec un art qu’il avait su renouveler dans sa jeunesse, dès 1906. Il y ajoute des couleurs empruntées à d’anciennes cartes à jouer. Derain s’implique près de trois ans dans la création puis l’impression manuelle de l’ouvrage, authentique prouesse technique. Il ne réalisa qu’un seul bois par illustration, destiné à un seul passage sous presse tout en cumulant parfois jusqu’à dix couleurs, obligeant à creuser chaque bois afin d’isoler les couleurs les unes des autres. Stylistiquement, ces bois affectent une apparente naïveté, issue du goût de l’artiste pour l’estampe populaire, par la simplification des formes, le style du dessin et la tonalité des couleurs qui les caractérisent.