Le musée présente une trentaine d’œuvres, certaines révélant clairement les influences croisées des pays du Nord et de l’Italie, ainsi que la pénétration des provinces limitrophes. Il s’agit de panneaux peints, certains double face car issus d’anciens polyptyques démembrés au fil du temps, présentant la face polychrome et le revers en grisaille.
Œuvre du début du 16e siècle, la Vierge au manteau rouge, provenant de la chapelle Saint-Gilles à Troyes (détruite en 1944), est une peinture sur bois à fond d’or dont l’inspiration formelle est à rechercher dans la proche province de Bourgogne pénétrée d’art flamand, dans la tradition des représentations médiévales, inspirées par les artistes nordiques, dont l’un des exemples majeurs est la Vierge du Chancelier Rolin de Jan van Eyck (vers 1434). Cette œuvre majeure est un jalon entre l’art du Moyen Age, plein de retenue, et celui plus expressif, qui va s’épanouir avec une force accrue tout au long du siècle, sous l’influence de Fontainebleau et de l’Italie.
Les trois panneaux à fonds d’or provenant de l’hôpital Saint-Martin-ès-Aires de La Nativité, La Crucifixion et La Résurrection datent également du début du 16e siècle et sont attribués à un artiste champenois, vraisemblablement aussi l’auteur du cycle narratif sur la vie du Christ du retable dit de Clairvaux, d’Ampilly-le-Sec, au musée de Dijon.
Des échanges croisés entre Champagne et Bourgogne sont courants et se retrouvent dans des œuvres comme le volet de retable double face montrant l’Assomption de la Vierge (face) et Sainte Elizabeth et saint Jean (revers) de Grégoire Guérard. C’est surtout le cas pour une œuvre majeure du Maître de Dinteville ou Bartholomeus Pons qui travailla à Varzy en Bourgogne : le volet de retable double face daté de1541 avec Le songe de saint Joseph (face) et Jésus au milieu des Docteurs (revers). Ici, la palette de tons acidulés de la face principale, la maîtrise de la perspective, la dynamique des scènes, le canon allongé des figures évoquent les modèles issus d’Italie, notamment l’œuvre de Michel-Ange dont plusieurs figures de la Chapelle Sixtine sont ici reprises.
Ce même cheminement apparaît dans d’autres œuvres tel le volet de retable double face des Scènes de la vie de saint Dominique (face) et de L’Annonciation (revers), vers 1530-1540, aux influences multiples.
Le Jugement dernier du couvent des Cordeliers, précisément daté de 1556, dominé par une représentation du Christ juge entouré des Elus, décline le texte de l’Evangile de Matthieu illustré par des saynètes. Il est une synthèse entre la préciosité médiévale qui s’exprime par le fond d’or, et le maniérisme qui s’affirme par des figures mouvementées inscrites dans des espaces à la perspective maîtrisée.
Les œuvres plus tardives mêlent les influences nordiques et italiennes, parfois dans un style quasi caricatural comme dans le rare polyptyque des Scènes de la Passion, daté de 1569 ou dans le triptyque double face de L’Enfance du Christ.